lundi 15 juillet 2013

Droits des Animaux.

Par
Fédération de Lutte pour l’Abolition des Corridas

En France, on a les Droits de l’Homme. Mais toujours pas de Droits des Animaux. Arno Klarsfeld, l’avocat surtout connu pour ses engagements politiques, monte au front en faveur des animaux.

Membre d’honneur de la Fédération de Lutte pour l’Abolition des Corridas, il lance un appel pour que la France rattrape son retard:
Il y a près d’un an, le Conseil constitutionnel a rejeté la demande d’associations de défense des animaux demandant l’interdiction de la corrida.
Dans leur décision, les membres du Conseil ont rappelé que, bien que l’article 521-1 du Code pénal réprime les sévices graves et les actes de cruauté envers un animal domestique ou tenu en captivité, cet article exclu expressément l’application de ces dispositions aux courses de taureaux, dans les cas où une « tradition locale ininterrompue » peut être invoquée. Ces pratiques traditionnelles reconnues par la loi ne portent en effet pas atteinte à un droit constitutionnellement garanti.

La tradition, de l’esclavage à la corrida

Cela a peut-être été une défaite pour les défenseurs des animaux mais le Conseil constitutionnel leur a pointé la voie à suivre pour l’avenir : si l’on veut être efficace pour la protection et la dignité des animaux, alors les droits des animaux – ou au moins certains droits, doivent être constitutionnellement garantis.
La règle légale sur les corridas les autorisant, si une « tradition locale ininterrompue peut être invoquée », est vouée à disparaître. Elle rappelle trop la règle en vigueur aux Etats-Unis avant la guerre de sécession, autorisant l’esclavage là où il avait existé, mais en excluant les nouveaux territoires ouverts à la colonisation.
On sait que c’est mal, on sait que ces coutumes viennent d’un temps où l’on pensait que l’animal comme l’esclave n’avaient pas de conscience, mais on laisse perdurer car on craint un conflit ouvert.

Torturer des animaux n’était pas un problème

Pendant longtemps, on a pu maltraiter et torturer les animaux en se fondant sur la croyance qu’ils n’étaient que des machines sans conscience. Entre Pythagore qui pensaient que les hommes se réincarnaient dans les animaux et les animaux dans les hommes, et Aristote, deux siècles plus tard, qui professait que les animaux étaient dénués de pensée, de raison et de logique : c’est Aristote qui l’a emporté.
Pendant 2000 ans, les animaux n’ont eu aucun droit. Ce n’est qu’au milieu du 19ème siècle qu’on a interdit en France les sévices infligés aux animaux lorsque ces sévices étaient infligés publiquement. Ce n’est que bien plus tard que le caractère public est devenu indifférent et que l’animal comme sujet de droit a émergé.
Aujourd’hui, le droit des animaux est enseigné sur la plupart des campus des universités des Etats-Unis.

Corrida et chasse à courre, même combat

La corrida tout comme la chasse à courre sont voués à disparaître. Si l’homme a une conscience, il en va de même du taureau martyrisé dans l’arène ou du renard affolé et déchiré vivant par les chiens, pour le plaisir de cavaliers indifférents à la souffrance animale.
Un cerf capturé lors d'une chasse à courre en 2002 en forêt de Chantilly (Schillio/AFP)
Un cerf capturé lors d’une chasse à courre en 2002 en forêt de Chantilly (Schillio/AFP)
Oui, les animaux ont des droits et le meilleur moyen de les protéger est de garantir une partie de ces droits constitutionnellement. La France ne serait pas le premier pays à le faire, trois pays frontaliers l’ont déjà fait : l’Allemagne, la Suisse et le Luxembourg. Plus loin, la Constitution de l’Inde assure un devoir de compassion envers les animaux et celle du Brésil prohibe la cruauté.
Après une telle reconnaissance constitutionnelle, ce sera à la jurisprudence des cours judiciaires et administratives de construire, doser et s’adapter.

Il faudra du courage politique

Assurer les animaux constitutionnellement contre une inutile cruauté aurait aussi sans doute pour conséquence d’interdire l’abattage rituel pour la viande casher ou halal si l’animal n’est pas préalablement étourdi. Si l’on doit manger de la viande, la moindre des reconnaissances, c’est d’abattre l’animal en lui causant le minimum de souffrance. Ce n’est pas là une question de laïcité mais de juste compassion.
Il est logique que la prise de conscience des peuples occidentaux de la souffrance animale débouche sur des changements constitutionnels et que l’éthique conditionne le droit.
De nombreux hommes politiques aiment la chasse et la corrida, mais ils aiment encore plus être en phase avec l’opinion publique. Deux sensibilités s’affrontent et iront en s’affrontant de plus en plus dans les années à venir. Ce n’est que le début…

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