La petite étoile...

Naïmé : Un conte écrit une nuit de 1982

La petite étoile qui aimait le soleil

Dans l’immensité de la nuit, sur un ciel de velours scintillaient les étoiles.

L’une d’elle pas tout à fait comme les autres, entendit une fois parler du soleil, de sa beauté, de sa chaleur, de sa lumière et de sa gloire. Et en son cœur elle s’éprit de lui.

Elle garda le secret en son âme d’étoile, se demandant bien comment elle pourrait faire pour le voir au moins une fois.

Une étoile filante déchira le ciel sombre devant elle. Elle fit un vœu et se sentit alors transportée à travers les espaces.

Son souhait était exaucé : elle se trouvait à présent au bord de la galaxie. Le créateur l’avait mise là, et le matin quand le soleil se levait, elle était la dernière à s’éteindre. Et le soir quand il se couchait, elle était la première à briller dans le ciel.

Elle remercia le Créateur pour ce magnifique don. Le soleil bien sûr, l’avait aperçue et quelque chose était né entre eux.

Mais elle, la petite étoile se demandait sans cesse : que faire ? Je suis froide, il est chaleur. Je suis terre il est feu. Je suis pour la nuit il est pour le jour, pensait-elle. Et elle priait, elle priait.

Des mois, des années, des siècles, des milliers d’années passèrent ainsi. Leur amour n’avait que ces quelques instants d’aurore et de crépuscule. C’était mieux que rien du tout me diriez-vous ! Quelle idée ! Un soleil ! Une étoile ! Non, jamais la création n’avait vu telle aventure !

Elle devait assumer sa vie d’étoile.

Il devait consumer sa vie de soleil.

Un point c’est tout.

Ainsi en était-il décidé par les cieux. Lorsqu’un jour, ou plutôt une nuit la petite étoile se sentit lasse, très lasse. Comme si quelque chose s’en allait d’elle-même. En même temps, comme si autre chose l’attirait au plus profond de son âme.

Soudain elle se sentit devenir chaude, plus chaude encore, brûlante, si brûlante : elle devint étoile filante. Alors elle fila, défiant toutes les lois de l’univers dans lequel elle était née. Elle fila, fila, en direction du soleil qui lui ouvrit à l’infini ses grands rayons d’or pour la recevoir. Et elle se vit, comme dans un miroir, l’espace d’une seconde puis elle vint mourir en son cœur, ou plutôt ne faire plus qu’un avec lui…

Vous qui écoutez ou lisez cette histoire, si ce jour là, en cet instant précis vous aviez regardé le ciel ensoleillé, vous auriez pu voir la brillance de l’astre, plus éclatante que jamais.

On raconte qu’un jour toutes les étoiles se fondront ainsi en un soleil, et qu’alors l’univers deviendra un immense brasier d’amour éternel !