Reportage: Les médicamenteurs
Alors que la France détient le record du monde de consommation de médicaments, ce documentaire original enquête sur les pratiques de l’industrie pharmaceutique.
Les Médicamenteurs, est un documentaire
(0h52) présenté dans L’Empire des sciences, une enquête sur les
pratiques de l’industrie pharmaceutique et du système de santé français,
alors que la France détient le triste record du monde de consommation
de médicaments.
Un exemple concret vaut parfois mieux
qu’une longue démonstration. C’est sur ce principe que cette enquête
démarre son sévère réquisitoire contre les rouages de l’industrie
pharmaceutique.
Une attaque en règle aux conclusions édifiantes.
Exemple pris avec le tristement célèbre
Vioxx®, vanté pour son efficacité contre l’arthrose et la polyarthrite
rhumatoïde. Les ventes explosent jusqu’en 2005, date à laquelle il est
brutalement retiré du marché.
En cause? Des effets secondaires graves
et parfois mortels : près de 30 000 personnes sous traitement
succomberont à un accident cardio-vasculaire… Si ce scandale a marqué
les esprits, il n’a pas pour autant mis fin aux pratiques douteuses des
géants pharmaceutiques. Essais cliniques tronqués, publications
médicales biaisées, experts rétribués, marketing forcené, médecins
harcelés… Tout est bon pour vendre un médicament.
Pharmacity : la ville rêvée.
Les habitants de Pharmacity sont de drôles de bonhommes en forme de gélules.
Pour illustrer sa démonstration, le
documentaire a l’excellente idée de mettre en scène de drôles de
bonhommes en forme de gélules. Tous habitent la ville-médicaments de
Pharmacity. Les auteurs embarquent le téléspectateur dans une visite des
lieux fort instructive. Chaque étape est l’occasion de détailler la
chaîne de fabrication du médicament, depuis les premiers essais
cliniques jusqu’à sa commercialisation.
En interviewant sans ménagement les
différents acteurs du secteur de la santé, les enquêteurs réussissent à
mettre au jour les défaillances des divers organismes de contrôle. Loin
d’assurer leur rôle de garde-fous, ils participent à alimenter les
appétits des labos. Illustration avec l’Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé (Afssaps). Cette autorité délivre entre
autres les autorisations de mise sur le marché (AMM). Sa « première
priorité est la régulation du marché et de la santé des firmes
pharmaceutiques, et non la santé des hommes », affirme le rédacteur en
chef de Prescrire, seule revue médicale à pouvoir se targuer d’être
indépendante. Et pour cause : le budget de la commission d’AMM est
alimenté à 80 % par les laboratoires. Et ses experts n’ont pas meilleure
réputation. Ils collectionneraient des contrats avec les entreprises
dont ils sont censés évaluer les produits. Difficile, dans ces
conditions, de rendre des décisions en toute indépendance…
Le juste prix ?
Autre exemple : la Haute Autorité de
santé (HAS), l’organisme qui évalue l’intérêt médical des médicaments.
Si 75 % d’entre eux décrochent leur AMM, qu’en est-il de leur
efficacité?
De la bouche du président de la HAS, on apprend que « ceux qui représentent une réelle avancée thérapeutique se comptent sur les doigts d’une main ».
Ce qui n’empêchera pas les géants
pharmaceutiques de commercialiser, à grand renfort de publicité, un
produit aux effets peu innovants. Ainsi, le Plavix® est devenu
l’anticoagulant le plus prescrit au monde, alors qu’il présente « la
même efficacité que l’aspirine »… Pour un prix vingt-sept fois
supérieur! Un véritable jackpot commercial pour Sanofi-Aventis, qui
prouve bien qu’une nouvelle molécule n’est pas toujours à la hauteur de
ses promesses ni de son prix.
Au fil de cette promenade de santé, les
démonstrations de collusion entre labos et instances de contrôle
s’accumulent. Avec, en bout de chaîne, le patient qui en paie le prix
fort. Une pilule parfois dure à avaler.
(Lise Bollot)
Vu sur http://www.inexplique-endebat.com/(Lise Bollot)
Vidéo : http://nemesistv.info/v
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